
Témoignages sur la profession de biologiste

L’Union régionale des biologistes de Bretagne (URPS Biologistes Bretagne) représente l’ensemble des biologistes responsables libéraux auprès de l’Agence Régionale de Santé. Découvrez l'interview du Dr Lemonnier, son Président, sur la profession et ses ambitions.
Quel est aujourd’hui le rôle du biologiste médical dans le parcours de soins ?
Le biologiste médical est un professionnel de santé, médecin ou pharmacien, ayant suivi une formation longue et exigeante, d’une durée de 10 à 11 ans après le baccalauréat.
Face à la pénurie de médecins, son rôle devient crucial. Il est désormais essentiel de l’intégrer pleinement dans le parcours de soins, notamment en valorisant sa proximité avec les patients et son expertise médicale.
Cette proximité est-elle un véritable atout dans l’organisation des soins ?
Absolument. Chaque jour, les laboratoires de biologie médicale accueillent environ 500 000 patients en France. D’après une étude Berger de 2023, 81 % de la population vit à moins de 7 kilomètres d’un laboratoire. Cette accessibilité est une opportunité majeure pour renforcer la prévention et le suivi médical.
Concrètement, comment le biologiste peut-il s’impliquer davantage ?
Le biologiste a toute légitimité pour devenir un acteur central, notamment dans le suivi des pathologies chroniques comme le diabète ou l’insuffisance rénale chronique. Il peut également jouer un rôle essentiel dans l’optimisation des prescriptions médicales, en adaptant les analyses aux symptômes présentés par le patient et en suivant les recommandations professionnelles de manière séquentielle.
Il intervient aussi dans le suivi thérapeutique : surveillance des traitements anticoagulants, adaptation des antibiothérapies en fonction des résultats bactériologiques, etc.
Il peut, enfin, accompagner le médecin prescripteur dans la prise de décisions, sur des bases scientifiques solides.
Son rôle ne s’arrête donc pas à l’analyse des prélèvements ?
Non, bien au contraire. Le laboratoire peut évoluer en véritable point d’entrée dans le parcours de soins. Nous devons ainsi y développer des actions de prévention, sans nécessiter d’ordonnance : campagnes de dépistage des maladies rénales, cardiovasculaires, infections sexuellement transmissibles…
Le biologiste peut également participer au dépistage organisé du cancer colorectal ou du col de l’utérus, voire à la vaccination.
En résumé, vous proposez une nouvelle vision du laboratoire médical ?
Exactement. Il faut considérer le laboratoire comme un élément de premier plan dans le parcours de soins : le biologiste médical n’est pas seulement un expert des analyses : il est aussi un professionnel de terrain, au service des patients, capable de prévenir, d’accompagner et d’orienter. C’est une évolution naturelle et nécessaire.

Depuis quelques années, les professionnels de santé libéraux jouent un rôle de plus en plus visible dans les dispositifs de prévention, et il convient de s’en réjouir. Les biologistes, médecins et pharmaciens exerçant dans les laboratoires de biologie médicale sont bien connus du public pour leur contribution au diagnostic, à la surveillance des pathologies et au suivi des traitements. Mais ils s’affirment également comme des acteurs à part entière de la prévention.
Le « virage de la prévention » souhaité par les autorités nationales s’est concrétisé en 2022 à travers le déploiement de deux projets majeurs : la vaccination contre le papillomavirus chez les élèves de 5ᵉ, et la mise en place de bilans de prévention aux âges clés de la vie, réalisés par certains professionnels de santé (médecins, infirmiers, pharmaciens ou sages-femmes) ; en Bretagne, ces projets affichent de bons résultats. D'autres initiatives traduisent également cette évolution et impliquent directement les biologistes. Je souhaite notamment mentionner deux avancées importantes : d'une part, le décret d’août 2023 élargissant les compétences vaccinales des professionnels de santé, leur permettant désormais de prescrire et d’administrer certains vaccins ; d'autre part, les travaux menés récemment entre l’ARS et les biologistes médicaux concernant le dépistage des infections sexuellement transmissibles sans ordonnance dans les laboratoires de biologie médicale. Ce dépistage, intégralement pris en charge par l’Assurance Maladie pour les moins de 26 ans, s’inscrit dans une dynamique de prévention renforcée. L’organisation de ce dispositif mobilise les principaux acteurs de la stratégie régionale en santé sexuelle et favorise l’émergence de nouvelles synergies.
Au-delà de ces nouvelles missions au service de la prévention, l’ARS tient à rappeler l’importance d’articuler prévention et promotion de la santé, qui sont les deux faces d’une même pièce. Parler de prévention sans prendre en compte les déterminants psychosociaux de la santé serait une approche incomplète. La politique régionale portée par l’ARS encourage ainsi les acteurs de la prévention à s’appuyer sur deux leviers essentiels pour réduire les inégalités sociales de santé :
L’équité sociale : comment garantir que nos dispositifs de prévention profitent réellement à toutes les catégories sociales, et non uniquement aux plus favorisées ?
La littératie en santé : comment mieux intégrer la motivation et les compétences des individus à accéder, comprendre, évaluer et utiliser l’information pour faire des choix éclairés en matière de santé ?
L’ARS Bretagne restera à l’écoute des biologistes et soutiendra leurs initiatives en faveur de la prévention et de la promotion de la santé.